Dans cette Chronique de la guerre interne au Pérou, les principaux faits de violence et leur contexte politique sont présentés suivant les lieux, les dates, les acteurs, les responsables des violences, les enquêtes judiciaires et de médecine légale, et les procès en justice. Cet inventaire des violences, inédit jusqu’à présent, se veut un outil au service des victimes engagées dans des procès, des institutions qui les soutiennent, mais aussi des chercheurs qui s’intéressent à la violence politique interne et au terrorisme. Il permet également de favoriser des comparaisons avec d’autres terrains, par exemple en Colombie, au Guatemala, au Salvador, en l’Algérie, en Afghanistan, en Mauritanie ou en Syrie.
De cette étude, il ressort que la grande majorité des victimes ont trouvé la mort dans un contexte de violences de masse, et que le Parti Communiste du Pérou-Sentier Lumineux est responsable de 62% d’entre elles, suivi par les forces de l’ordre (27%), et par les miliciens et d’autres acteurs de la guerre (11%). Une répartition inédite en Amérique latine.
L’analyse de la guerre péruvienne montre à l’évidence que la violence politique se développe dans un contexte caractérisé par la faiblesse de l’État, de l’idée de nation et de l’identité nationale. Durant plus de vingt ans, les Péruviens ont connu des massacres de masse, des camps de concentration senderistes, des violences sexuelles, des enfants-soldats et la répression des militaires, dans le cadre d’une corruption généralisée au sein de l’État et du délitement des institutions.